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«Hold your breath. Drop. Dive. Open your eyes. Leave your body at the surface. You are now all eye, like a drill; all tail, like a fish. What are you trying to extract, to mine from your cool liquid entry? You pass, cool as a camera with your lens of language, through dry corridors of nuclear seas, liquid hallways of sunken cities, strange scaffolding of deep-sea mining, sculptural figures of destroyed empires. Your dry eye reaches for: Mosaics of the sea floor or mosaics of the control room; a body slithering, snakelike, over its nuclear control panels. Elsewhere, in another deep, jellyfish are loose and luminescent and labouring as flowers articulating the black. Architectures rise like language inside you, lean and lucid or marmoreal and voluptuous, each writ across the wet pages of southern bodies of water, dry pages of northern bodies of tundra. […]

Who brought you here? Some mermaid archaeologist, some modern undine, some artist-as- siren-as-museum guide. Some body as soundwave, as cognition only. What cities are sunk deep inside you? […] Mosaic, neoprene, saline, chlorophyll, oil, mineral, sex, empire, bivalves, shifting tectonic plates, shifting desires, some ancient volcanic basin. […] You are not pillaging the sunken city, though, you are swimming it. Now count before you go deeper into it: one, two, three, four, five—now go.»

Quinn Latimer on Emilija Škarnulytė’s Sunken Cities (2021)

Emilija Škarnulytė (*1987, Vilnius, Lituanie) est une artiste visuelle et cinéaste. Elle sonde l’impact psychologique que notre environnement produit sur nous. Ses vidéos et installations multimédias, qui enchevêtrent la fiction et le documentaire, représentent les relations invisibles existant entre le monde physique et notre imaginaire social – depuis la manière dont nous percevons le temps géologique et l’influence que cela a sur notre rapport à l’histoire, jusqu’à la façon dont les violents conflits humains finissent par s’inscrire sur la structure même de la terre. Pour l’exposition au Centre d’art Pasquart, l’artiste conçoit un paysage audiovisuel immersif qui se déploie dans toutes les salles des Galeries. Dans l’ancien bâtiment, de nouvelles productions et des œuvres existantes explorant de nouveaux matériaux, techniques et narrations reflètent la carrière de l’artiste. Outre des vidéos, des objets, des photographies et des mosaïques seront également présentés.

Dans les films de Škarnulytė de ces dernières années émergent souvent des lieux où sont négociées des thématiques politiques contemporaines qui oscillent entre les mondes humains et non humains, brouillant les frontières entre les forces géologiques, écologiques et cosmiques. Škarnulytė aborde les problématiques fondamentales de notre période historique; le changement climatique et l’avenir de notre espèce. Elle les confronte à l’analyse cinématographique de multiples récits qui à la fois restent ouverts et tendent à se confondre. L’artiste se lance dans une quête de vérité et nous montre une anthologie composée de différentes histoires. Les mises en scène poétiques de Škarnulytės nous laissent avec un sentiment d’angoisse contemplative, provoquée par la rencontre avec tout ce qui est plus grand que nous, plus grand que la vie – une catastrophe climatique imminente, des phénomènes naturels, des constructions idéologiques, de gigantesques (infra)structures scientifiques et des connaissances humaines qui laissent des inscriptions et des cicatrices indélébiles sur la planète.

Avec Sunken Cities (2021), Emilija Škarnulytė crée dans les Galeries un environnement filmique immersif où les différentes salles sont reliées de façon chronologique. Elle crée l’effet d’une plongée totale dans un paysage multidimensionnel où notre regard se dédouble grâce aux plafonds en miroir et où nous sommes simultanément témoins d’un monde futur, présent et passé. L’artiste ouvre la perspective avec cette surface noire réfléchissante et nous amène à la vivre comme un horizon visuel agissant à la manière d’un océan d’huile liquide. Une fine ligne au- dessus et au-dessous de l’eau sépare le réel et le quantique. Au sein de ces paysages algides et déserts surgit l’ancienne figure mythologique de la sirène. Dans l’un de ses écrits interdisciplinaires, Roger Penrose, l’un des plus célèbres physiciens théoriciens de notre époque, a décrit la sirène comme représentant la magie et le mystère de la mécanique quantique. Comme l’eau, elle existe dans différents états d’agrégation, composée de molécules qui se modifient et se dilatent. Elle est multiforme; à la fois humaine et poisson, elle est un cyborg, elle est une machine. Škarnulytė confronte des structures technologiques désaffectés, entourés de mythes, et des lieux abandonnés, marqués par la décadence, avec cette figure symbolique comme contre-mythe. La sirène s’avère ici comme une médiatrice entre la nature et la technologie, entre les créatures humaines et non humanoïdes. Elle donne l’impression d’être revenue du futur sur la planète pour explorer ces villes englouties et ces ruines technologiques. Il s’agit d’un regard rétro-futuriste sur notre planète, la perspective d’une époque où les humains ont déjà disparu et où la nature a pris le dessus. Ou, comme le dit Škarnulytė elle-même: ce sont «les ruines de l’activité humaine vues depuis un futur lointain».

Au deuxième étage du Centre d’art Pasquart, Emilija Škarnulytė présente des films qui examinent des moments singuliers dans le temps et l’espace. Avec des mythologies à l’esprit, l’artiste nous emmène aux confins de civilisations en guerre, sous les aurores boréales près du pôle magnétique, dans des centrales nucléaires et des déserts mystiques où des voyageurs de l’espace jouent du saxophone dans des robes scintillantes et fabriquent d’utopiques vaisseaux incurvés. Elle regarde une grand-mère, rendue aveugle par une catastrophe nucléaire, toucher de ses mains les monuments de cet ancien empire soviétique, celui-là même qui a causé sa cécité. Avec son alliée Tanya Busse, dans leur duo New Mineral Collective, Škarnulytė étudie le plaisir comme perspective de révolte contre l’extractivisme.

Commissaire de l’exposition

Stefanie Gschwend, collaboratrice scientifique au Centre d’art Pasquart

Publication

À l’occasion de l’exposition, la publication Emilija Škarnulytė. Sirenomelia paraît aux éditions Sternberg Press, avec des textes d’Andrew Berardini, Sir Roger Penrose, Nadim Samman et Alison Sperling (ENG).

Entretien avec l’artiste

Di 4.7.2021, 14:00 (eng) Emilija Škarnulytė s’entretient avec Yvonne Volkart, chargée de cours en théorie de l’art et des médias, FHNW Bâle

Art à midi

Ve 20.8.2021, 12:15 (dt/fr) Courte visite guidée suivie d’une collation (Inscriptions: info@pasquart.ch, CHF 15.-)

Visites guidées

Je 8.7.2021, 18:00 (dt) Stefanie Gschwend, commissaire de l’exposition
Je 12.8.2021, 18:00 (dt) Felicity Lunn et Stefanie Gschwend, commissaires des expositions
Je 26.8.2021, 18:00 (fr)  Julie Carron, historienne de l’art

Emilija Škarnulytė, Sunken Cities, 2021, Film HD; Courtesy the artist