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Barbara Probst

2.2.2014 – 6.4.2014

Barbara Probst (*1964, Munich, vit et travaille à New York et Munich) remet en question l’usage traditionnel de la photographie qui montre habituellement une seule perspective et une vision unique de la réalité. Depuis 2000, l’artiste travaille sur les séries photographiques intitulées exposures, dans lesquelles elle adopte des points de vue multiples pour montrer un même sujet au même moment précis, mais de manières très différentes. Pour ce faire, Probst emploie jusqu’à treize appareils synchronisés, posés sur des trépieds ou tenus par des assistants, qui sont déclenchés par une télécommande. Elle exploite fréquemment la visibilité de son équipement afin d’intégrer l’acte même de la photographie dans ses images. L’exposition au Centre d’art CentrePasquArt, montrant des œuvres datant des années 2001 à 2012, est la première présentation institutionnelle de l’artiste en Suisse. Des premières exposures, qui réfutaient déjà toute hiérarchie entre les images d’un même ensemble, aux derniers travaux, qui rassemblent des vues intérieures et extérieures, Probst ne cesse d’explorer la vision en tant que telle ainsi que la caractéristique singulière de la photographie de ne pas dire une vérité absolue, mais de montrer une réalité telle que l’appareil l’a vue.

Depuis longtemps, on a cessé de considérer la photographie comme une garante de la vérité : son artifice est presque aussi prononcé que celui, fondamental, de la peinture. Toutefois, nous acceptons habituellement l’autorité des images photographiques. Il s’agit de représentations choisies, imaginons-nous, par le photographe, qui les estimait être les plus représentatives. Avec ses exposures, Barbara Probst rompt de manière systématique avec cette tradition. Elle explore certains aspects encore inexprimés d’un medium qu’elle démontre être tout sauf univoque.

Ce qui distingue le travail photographique de Probst est la combinaison d’au moins deux et jusqu’à 13 prises de vues pour créer des ensembles révélant le même sujet à l’exact même moment, mais sous des angles divers. Cette stratégie nous engage à nous plonger dans la lecture de l’image, à tenter de déterminer la position des appareils photographiques et à définir la relation entre les différents points de vue. Elle nous invite également à refléter sur les processus conceptuels utilisés par l’artiste. Pour ses prises de vue multiples, Probst a recours à une télécommande qui déclenche simultanément les appareils synchronisés. Dans certains cas, les protagonistes déclenchent eux-mêmes l’appareil photographique. L’équipement technique, évidemment visible sur les photos, devient une composante essentielle des images : la production, c’est-à-dire l’acte même de la photographie, est alors documenté. En outre, la façon qu’a Probst d’arranger les différentes prises de vue de manière mécanique rappelle que, pour l’artiste, le médium photographique ne transmet pas de vérité définitive, mais dévoile plutôt comment l’appareil a « vu » quelque chose.

Cet aspect du travail de Barbara Probst met également en évidence la nature physique de la pratique photographique. Bien que leurs visages soient cachés par les appareils qu’ils manipulent, Probst et ses assistants sont souvent montrés courbés, étendus sur le sol ou dangereusement penchés au-dessus de précipices. Si ces poses étaient peut-être nécessaires à la prise de vue voulue, ils relèvent cependant de la performance. Leur côté exagéré souligne la théâtralité des images obtenues. La manière dont Probst exploite l’option de la couleur et des photographies en noir et blanc s’apparente à la révélation du procédé de création et à celui de l’élément performateur. Elle juxtapose des clichés en noir et blanc avec d’autres en couleur pour enregistrer un même instant. On a beau savoir que les images ont été prises simultanément, l’aspect « vintage » des premières images entre en collision avec l’apparence davantage contemporaine des secondes. La nature subjective de notre expérience des images est alors révélée.

Le travail de Probst se caractérise par ce genre de dispositifs expérimentaux. Alors que les différentes images d’un ensemble représentent la même fracture de seconde captée par l’ouverture de l’obturateur, on est fasciné de voir combien les différents points de vue d’un même studio ou lieu public offrent à l’espace pictural de s’étendre de manière potentiellement illimitée. Des objets sont utilisés pour créer un contexte et, dans les travaux récents, ils agissent non seulement en doublures de figures humaines, mais fonctionnent aussi comme des repères nous aidant à interpréter les dimensions, les angles, et la relation spatiale entre les protagonistes.

Les œuvres présentées dans le cadre de cette exposition démontrent clairement que le travail de Barbara Probst a gagné en complexité durant la dernière décennie. Tout en reflétant notre expérience de la perception du monde, son travail se penche sur les qualités intrinsèques de son médium de prédilection. Profonde et joueuse, exigeante et engageante, la contribution de Probst est significative.

L’exposition et la publication qui l’accompagne sont une collaboration entre le Centre d’art CentrePasquArt, le Centre for Photography à Copenhague et le Rudolfinum à Prague.

Commissaire de l’exposition : Felicity Lunn, Directrice Centre d’art CentrePasquArt Bienne

 

Barbara Probst, Ausstellungsansichten / vues d’exposition / exhibition views Kunsthaus Centre d’art Pasquart 2014
Fotos / Photos:P.Christe